Le mot Scénographie (Raymond Sarti)

En italien, Scenografo, désigne celui qui dessine la scène de Théâtre.

C’est l’un des plus beaux mots, tant il entend définir celui qui dessine l’Espace, l’espace des possibles, le lieu, le lieu de l’action, la scène, « le lieu pour que cela ait lieu ».

Il contient non seulement l’idée de la vision du lieu, mais l’idée d’une vision dramaturgique de l’espace, mais surtout d’un lieu des relations.

Au delà du dessinateur, il y a le visionnaire.

A l’origine, il définit la scène qui va permettre la relation entre le metteur en scène, le comédien et le lieu, entre le lieu de la scène et la vision que le spectateur, le public en perçoit.

La scénographie est une histoire d’entre deux, de ce qui se passe « entre et entre », de ce qui se joue, de ce qui est en jeu. C’est un en jeux relationnel.

Depuis quelques années, nous pouvons constater un phénomène croissant de l’emploi de ce mot, souvent à tort.

Tant une scénographie, un lieu, ne se résument pas seulement à une affaire esthétique, mais relèvent d’un lieu sensible où des relations vont pouvoir naître, des questions vont pouvoir se poser, se résoudre.

Le sens engendre la forme et vice versa.
Un lieu aux résonances multiples.
C’est un lieu qui va définir la place des uns et des autres. De quel lieu parle t-on ? de quelle place ? pour qui ? pourquoi ?

La scénographie est une forme d’écriture dans l’espace, avec ces ponctuations, ces silences, ces retenues…
Cela le théâtre nous l’enseigne.

Fort de cette base, ce processus peut se décliner au lieu de l’exposition, du cinéma, de la danse, de l’architecture, du paysage.

Remplaçons un instant, le texte de théâtre, par un scénario d’exposition, de cinéma, des notations chorégraphiques, un programme architectural ou paysager, et nous verrons ainsi ce qui est en jeux !

C’est en tous cas, ce que je m’applique à développer dans ma démarche artistique.

Le « reste » n’est qu’affaire de techniques et d’esthétiques, qui ont également leur importance, mais qui ne doivent pas être prépondérantes.

Car au bout du projet, quel qu’il soit, c’est le lieu Juste qui compte, et non l’espace exact !
Quel lieu pour quel public ? Quelle scène pour quel enjeu théâtral, cinématographique, d’exposition, architectural…

Texte, prétextes, et sous textes constituent ainsi la base ma palette.

Raymond Sarti
Octobre 2007

Ce texte est publié sur le site de Raymond Sarti
http://www.raymondsarti.com/