Artcena et la Quadriennale de Prague : une mémoire niée, une incohérence assumée

Chronique d’une exclusion – une absence et un silence nous est une fois de plus imposée

Pour la troisième fois consécutive, l’UDS L’Union des Scénographes se voit écartée du processus de sélection dans le cadre de la représentation française à la Quadriennale de Prague. Cette exclusion constitue un fait regrettable, aux conséquences symboliques et institutionnelles profondes, dans la mesure où elle vise une organisation professionnelle dont l’histoire est indissociable de cet événement .

Créée en 1967, l’AFSTT, devenue Union des Scénographes en 1996 a porté la présence française à la Quadriennale de Prague jusqu’en 2003, dans un esprit de rigueur artistique, de coordination professionnelle et de rayonnement culturel. Cette responsabilité, exercée avec constance, a contribué à inscrire durablement la France dans cet unique événement international consacré à la scénographie.

L’UDS constate avec amertume que cette année les modalités de sélection appliquées par l’opérateur ARTCENA, placé sous la responsabilité du ministère de la Culture, ne permettent ni un traitement équitable des candidatures, ni la reconnaissance du savoir-faire et l’expertise professionnel accumulé par l’UDS.

Notre candidature imaginée en coopération avec le collectif 17h25 et la Réserve des Arts, ne relevait d’aucun privilège. Il répondait avec rigueur aux attentes d’un appel à projet dont le thème, paradoxalement, résonne cruellement avec notre situation : « Absences et silences – Espaces potentiels pour de nouveaux futurs scénographiques ».

Notre proposition s’inscrivait pleinement dans les orientations portées et financées par la DGCA sur l’éco-scénographie. Et pourtant, elle fut rejetée sans explication convaincante, au terme d’une procédure dont les irrégularités au code des marchés publics discréditent la légitimité même du processus.

Sur les dix-sept candidatures déposées, six ont été retenues en vue de soumettre un projet artistique. L’UDS, pour sa part, n’a pas été autorisée à franchir cette première étape. L’UDS ne réclame pas de traitement particulier. Elle défend simplement la possibilité de pouvoir présenter un projet au ministère et d’exister au sein d’un espace qu’elle a contribué à fonder !

Ce refus d’accéder à la phase de dépôt d’un projet artistique apparaît, en contradiction manifeste avec les discours tenus par la DGCA sur la nécessaire mobilisation des acteurs culturels autour des enjeux de transition écologique, de transformation des pratiques pour mieux produire mieux diffuser et leur interprétation par ARTCENA.

Il met en lumière une incohérence profonde dans la conduite des politiques culturelles. Le ministère parle de transition écologique et ARTCENA écarte les acteurs qui la concrétisent.

La culture française ne se renforce pas par l’effacement de ses acteurs les plus investis souvent bénévolement. Elle repose sur la reconnaissance des compétences, le respect des engagements passés, et la volonté partagée de faire rayonner nos disciplines dans un cadre rigoureux, cohérent, et fidèle à l’intérêt général.

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