LE BESOIN D’UNE ENQUETE.
Jusqu’à présent, les conditions de travail et de rémunérations du scénographe et du créateur costume dans le spectacle vivant paraissent toujours un peu flou.
Parler de rémunération dans la culture et dans les équipes artistiques est souvent un sujet sensible, car pour les artistes il est difficile d’évaluer la valeur de son travail, de son temps passé et que nos métiers sont tributaires des budgets variables des productions parfois même au sein d’une même structure. De plus un lien de subordination subsiste entre le metteur en scène parfois directeur de lieu et son équipe artistique ce qui limite souvent l’espace de négociation.
Régulièrement à l’UDS on s’interroge si l’offre salariale forfaitaire que l’on nous propose est juste et si nous avons une grille de référence pour pouvoir mieux négocier nos contrats.
Cette enquête est une première étape comme état des lieux de notre situation, et des offres de rémunérations qui sont proposés.
L’UDS a réclamé au service statistique de Pole Emploi des chiffres plus précis sur les moyennes de rémunérations et des heures pour nos métiers que nous n’avons jamais obtenus.
TECHNICIEN – ARTISTE /AUTEUR
La portée des règlementations actuelles est difficilement descriptible, du moins en quelques mots. Pour rappel le scénographe, contrairement au metteur en scène et au chorégraphe, relève de l’annexe 8 (techniciens) et non pas de l’annexe 10 (artistes), car il n’est pas à ce jour mentionné dans l’article L7121-2 du Code du travail.
Depuis 2017 les scénographes sont reconnus comme des artistes auteurs. Les scénographes pour leur travail de création intellectuelle, c’est-à-dire la conception artistique de la scénographie leur confère les droits de propriété intellectuelle qui ouvrent des droits d’auteurs qui doivent être cotiser au régime social des artistes-auteurs.
Le décret n° 2020-1095 publié le 28 août 2020 attendu par l’ensemble des artistes-auteurs vient mettre en application les préconisations du rapport Bruno Racine, sont reconnus auteurs de scénographies de spectacles vivants, d’expositions ou d’espaces.
À la suite d’échanges ministériels L’UDS a précisé dans les items de l’Ursaff l’extension du mot scénographe avec ses corolaires :
– scénographe créateur costumes,
– scénographe créateur lumière,
– scénographe designer d’espace.
Malgré des engagements politiques, les défis en matière de reconnaissance de la qualité artistique de nos métiers subsistent, en témoigne dans les réponses de l’enquête les incompréhensions sur les droits d’auteurs. 76% disent ne pas percevoir de droit d’auteur à la création, et 81% disent ne pas percevoir de droit d’auteur en cas de reprise où de tournée. Les théâtres privés et les Opéras de France versent régulièrement des droits d’auteurs mais avec des taux variables selon les structures. Les compagnies de théâtres et théâtres subventionnés méconnaissent très souvent leurs obligations vis à vis de nos métiers.
De nouvelles réunions avec le Ministère de la Culture sont attendues pour clarifier par une directive ministérielle les revenus d’artistes auteur et pour modifier le code du travail et ainsi reconnaître pleinement le scénographe comme un artiste.
A l’examen de l’enquête, il ressort de prime abord qu’il n’existe pas de limite bien tracée des rémunérations. L’analyse révèle des grandes disparités salariales pour les scénographes et un écart plus important avec une moyenne plus homogène et basse pour les créateurs/ créatrices costumes.
On peut expliquer cette rémunération pour les costumes par un manque de considération et de reconnaissance du métier de créateur costumes.
Les nouveaux défis auquel nous devons faire face dans un contexte fort de mutation économique et écologique, nécessite pour nos métiers de nouveaux savoir faire et compétences à valoriser. Vous êtes 80% à dire que les budgets des créations sont en baisse, dans un contexte fort d’inflation des matières premières, et de réduction des productions suite aux reports et annulations liés à la Covid.
Les enjeux de réemploi et de développement durable nécessitent plus de garantie sur la reconnaissance du droit d’auteur et la rémunération du scénographe sur le temps de création et d’exploitation de son œuvre.
Surtout que 78% estiment dans l’enquête que la rémunération pour le temps de travail consacré à une création (travail préparatoire, suivi des répétitions et travail sur le plateau) ne correspond pas à une juste rémunération.
Cette majorité invite à une réflexion pour une révision à la hausse des rémunérations forfaitaires.
télécharger le dossier complet de l’enquête 2021: