Rendre le spectacle durable pour rester vivant

30 REGARDS CROISÉS SUR LE SPECTACLE VIVANT POUR ESQUISSER DES PISTES ET DES PERSPECTIVES 

Les questions environnementales, énergétiques et sociales sont les enjeux du monde d’aujourd’hui et encore plus ceux de demain. Mieux les comprendre, c’est déjà anticiper les évolutions à venir. Cet ouvrage réunit 30 contributions pour décrypter les enjeux de la transition écologique appliqués au monde du spectacle vivant. Il a été pensé et conçu comme un partage entre pairs, de connaissances et d’expériences de terrain, invitant au dialogue entre professionnels et professionnelles du spectacle sur ce sujet crucial et donc incontournable. Préface de Camille Étienne Sous la direction de Nicolas Marc1ère édition – 236 pages

pour le commander en ligne :

https://boutique.lascene.com/common/product-article/536

L’UDS a été invité et associé à cette publication , avec un chapitre :

Poser un pied dans le réel des scénographes:

extraits:

Partant du constat d’une fin de partie, le vert gagne du terrain et revient sur les scènes de théâtre, là où il était proscrit par tradition de superstition (1). Depuis quelques temps on cherche des solutions à tire-larigot pour hacher menu nos émissions de carbone. Dans un étrange et passionnant mouvement pendulaire, on espère réconcilier éphémère et durable, dans un partenariat gagnant-gagnant !

Il y aura des gains et des pertes, nous dit-on, et le pragmatisme nous invite sans détour à voir dans chaque recommandation verte, une mesure d’austérité économique. L’occasion pour nous de tordre le cou à l’idée que l’espace vide prôné par Peter Brook (2) n’est pas la sphère du rien mais un potentiel créatif pour laisser place à quelque chose de nouveau. Le rien risque d’être malgré tout un point de dénouement fatal.

Par sa dimension matérielle, la scénographie est sans doute une des parties les plus polluantes dans la création d’un spectacle. Les matériaux employés et les moyens mis en œuvre pour construire, déplacer, stocker et jeter les décors suscitent aujourd’hui la mobilisation des professionnels du secteur pour penser de nouvelles méthodes de travail.

Pendant de nombreuses années, les scénographes ont été écartés des débats sur les enjeux du spectacle vivant. Avec les crises successives, notre regard retrouve un regain d’intérêt et une vision solidement ancrée dans la pratique et l’expérience. Le plan d’action ministériel  “ pour créer autrement “ devrait être complété par “ administrer autrement “, car ces nouveaux défis transforment en profondeur nos organisations et gouvernances pour faire évoluer les compétences opérationnelles relatives à nos métiers.

Certaines pratiques et solutions ne sont pas nouvelles. Souvent considérées comme révolues ou désuètes en période de prospérité, elles sont réactivées pour s’acclimater aux périodes de crises économiques.(3)

Penser l’innovation, c’est concevoir au-delà des besoins immédiats de la production d’un spectacle. C’est élaborer une chaîne complète d’actions prenant en compte la totalité du processus de création, de la conception à la fin de vie du décor et des costumes, en veillant à minimiser l’impact environnemental à chacune de ces étapes.

Outre l’impact des décors et des tournées, on mesure aujourd’hui combien il manque des espaces de stockage proportionnés et des ateliers de construction adaptés, mitoyens aux scènes pour développer des pratiques éco-responsables.

Il s’agit d’avoir une approche fonctionnelle du théâtre liée à une discipline vivante. Comme l’affirmait Winston Churchill : « Nous façonnons nos bâtiments, puis ce sont eux ensuite qui nous façonnent […] la configuration de nos espaces de discussion n’est pas neutre, elle dispose et oriente tout ce qui s’y dit et tout ce qui s’y fait » (4)

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