150 ans opéra de paris, Jacques Rouché et Gérard mortier des directeurs réformateurs de la scénographie

Partisan d’une nouvelle approche de la scénographie consistant à « mettre le décor au service du drame », Jacques Rouché s’attache le concours de peintres qui, par leur sensibilité, sont susceptibles de traduire l’esprit du spectacle dont ils doivent réaliser décors et costumes. Une trentaine est ainsi mise à contribution parmi laquelle Maxime Dethomas, Jacques Drésa, René Piot, André Dunoyer de Segonzac, Georges d’Espagnat, Charles Guérin, André Hellé.

En 1910, il a l’opportunité de réaliser enfin un vieux rêve en louant pour trois ans le Théâtre des Arts (actuel Théâtre Hébertot).

Jacques Rouché publie L’art théâtral moderne en 1910 et prend en la direction de l’Opéra de paris en 1914. Son directorat est le plus fécond de l’histoire de l’Opéra : 170 œuvres nouvelles, dont plus de 120 créations, en trente-et-un ans. Il confie la conception des décors et des costumes d’un spectacle à un même artiste, afin de garantir une unité plastique, et choisit chaque fois une personnalité différente, pour éviter tout monopole. Rouché engage non seulement un grand nombre de peintres, mais expérimente également l’emploi du cinéma et des projections. Il règle aussi plusieurs mises en scène. Par sa formation, Très attentif aux innovations techniques pouvant améliorer la présentation de ses spectacles. Il met ainsi en place un cyclorama, adopte la scène tournante, les praticables et les décors projetés.

Dès la première réunion des réformateurs, on s’accorda sur ce que les formes de l’art théâtral contemporain étaient depuis longtemps démodées, que le spectateur exigeait une nouvelle technique, qu’il fallait « évoluer » en abandonnant, malgré ses succès, l’art réaliste.

L’art de la scène est l’art le plus varié qu’il soit : il ne saurait obéir à une règle unique . La mise en scène à pour but de mettre en lumière le corps d’une pièce d’en dégager les lignes principales, de l’habiller si l’on peut dire.

L’art du couturier, considère le cadre ou sera exhibé la robe qu’on lui commande, et ne combine pas une toilette de ville d’après les mêmes lois qu’une robe du soir ou qu’un trotteur (Jeune employée d’une couturière, chargée de faire les courses)

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L’importance de citer les scénographes , créateurs, créatrices costumes et lumières.

Le nom des auteurs/ autrices qu’ils soient scénographes, créateurs créatrices costumes et lumières n’est pas toujours mentionné dans les médias, les articles ou sur d’autres supports. Pourtant il est important de prendre la bonne habitude de citer systématiquement le nom de l’auteur des projets.

Pourquoi faut-il citer le nom

Le droit de paternité fait partie des quatre attributs du droit moral français au même titre que le droit de divulgation, le droit de retrait ou le droit au respect de l’œuvre. Il est transmissible aux héritiers à la mort de l’auteur.

Il octroie à l’auteur la faculté de faire connaître son nom ainsi que sa qualité sur chacune de ses œuvres. Le nom de l’auteur doit être correctement orthographié, le cas contraire constitue une atteinte au droit de paternité. La qualité de l’auteur peut correspondre à ses titres, grades ou distinctions.

L’auteur, au nom de son droit de paternité peut s’opposer aux usurpations, c’est-à-dire qu’il peut éviter l’apposition du nom d’un tiers qui n’est pas intervenu dans la réalisation de l’œuvre.

que dit la loi :

Article L. 121-1 du Code de la propriété intellectuelle :
«L’auteur jouit du droit au respect de son nom, de sa qualité et de son œuvre.
Ce droit est attaché à sa personne.
Il est perpétuel, inaliénable et imprescriptible.
Il est transmissible à cause de mort aux héritiers de l’auteur.
L’exercice peut être conféré à un tiers en vertu de dispositions testamentaires. »

Il est essentiel de citer le nom des auteurs / autrices pour plusieurs raisons : 

  • Mentionner les acteurs d’un projet permet de mieux informer les lecteurs. C’est transmettre la bonne information et donner les clés de la compréhension.
  • Un professionnel est à l’origine de chaque projet. C’est le fruit d’un travail de longue haleine. Signaler son nom n’est que la juste reconnaissance de son travail. Il est tout aussi nécessaire de mentionner le nom des ateliers de constructions qui ont participé au projet livré. Le résultat final n’est possible que par la coopération des différents acteurs et l’addition de toutes leurs compétences.
  • Enfin, ne pas citer le nom du scénographe, créateur créatrice costume et lumière constitue un délit de contrefaçon qui expose son auteur à des sanctions pénales pouvant aller jusqu’à 300 000 euros d’amende et 3 ans d’emprisonnement, suivant les articles L. 335-2 et -3 du code de propriété intellectuelle.

L’auteur, personne physique, jouit d’un droit inaliénable au respect de son nom, de sa qualité et de son œuvre, de sorte que ni l’existence d’un contrat de travail, ni la propriété du support matériel de l’œuvre ne sont susceptibles de conférer à son employeur la jouissance de ce droit. Cour de Cassation, 1ere chambre civile, 16 novembre 2016.

Voici la lettre que les juristes de la Ligue des auteurs professionnels mettent à votre disposition :

Michel Cova, dUCKS SCENO l’art de l’architecture scénique

Créée en novembre 1992 par Michel Cova, dUCKS SCENO a su se distinguer par son expertise en scénographie d’équipement aupres des architectes Jean Nouvel, Rem Koolhaas, Herzog & de Meuron

La scène est historiquement le lieu du spectacle d’où ce nom que nous partageons avec les scénographes de mise en scène et de décors qui utiliseront les lieux que nous imaginons.

La scénographie permet d’affirmer une direction de fonctionnement qui contribuera fortement à l’identité du lieu et racontera une histoire inspirante aux artistes et au public. La muséographie accompagne cette recherche d’identité au travers de contenus, d’attentes scientifique et pédagogique qui seront au service de l’expérience de tous les visiteurs.

Quelques jurisprudences, droit d’auteur des oeuvres des createurs costumes , scénographes et créateurs lumières

Cour d’appel de de Paris – Pôle 06 ch. 12 18 janvier 2018 / n° 14/02884

Résumé : Il considère ensuite que l’oeuvre accomplie par les costumiers, décorateurs et scénographes de lumières devaient également être rémunérées sous la forme de droits d’auteur qui protègent l’ensemble des oeuvres de l’esprit, quels que soient le genre, la forme d’expression, le mérite ou la destination.

« Il considère ensuite que l’oeuvre accomplie par les costumiers, décorateurs et scénographes de lumières devaient également être rémunérées sous la forme de droits d’auteur qui protègent l’ensemble des oeuvres de l’esprit, quels que soient le genre, la forme d’expression, le mérite ou la destination. Selon lui, la création artistique des décors, costumes et lumières, spécialement conçue pour la production de l’oeuvre présentée à l’Opéra et protégée par le code de la propriété intellectuelle, doit être rémunérée sous la forme de droits d’auteurs. Il précise que les créateurs concernés contribuent en toute indépendance à la réalisation de l’oeuvre originale présentée sur la scène. Il indique aussi qu’il ne peut être tiré aucune conclusion du fait que l’article R 382-2 du code de la sécurité sociale ne vise pas ces activités parmi celles bénéficiant du régime des auteurs car les metteurs en scène sont dans la même situation. Enfin, il fait observer que l’Agessa a encaissé sans aucune réserve les cotisations afférentes aux droits d’auteurs aujourd’hui contestés. »

https://www.dalloz.fr/documentation/Document?ctxt=0_YSR0MD1jcmVhdHJpY2UgY29zdHVtZcKneCRzZj1zaW1wbGUtc2VhcmNo&ctxtl=0_cyRwYWdlTnVtPTHCp3MkdHJpZGF0ZT1GYWxzZcKncyRzb3J0PSNkZWZhdWx0X0Rlc2PCp3Mkc2xOYlBhZz0yMMKncyRpc2Fibz1UcnVlwqdzJHBhZ2luZz1UcnVlwqdzJG9uZ2xldD3Cp3MkZnJlZXNjb3BlPVRydWXCp3Mkd29JUz1GYWxzZcKncyR3b1NQQ0g9RmFsc2XCp3MkZmxvd01vZGU9RmFsc2XCp3MkYnE9wqdzJHNlYXJjaExhYmVsPcKncyRzZWFyY2hDbGFzcz0%3D&id=CA_PARIS_2021-09-28_1432021

Cour d’appel de Paris – Pôle 05 ch. 01 28 septembre 2021 / n° 143/2021

juger que l’association Ballet Preljocaj et le Théâtre Chaillot, en reproduisant et en représentant dans le ballet L et H des < costumes > créés par Mme M sans son autorisation, se sont rendus coupables d’actes de contrefaçon de droits d’auteur au préjudice de la < créatrice > et ce, au sens des articles L. 335-2 et suivants du code de la propriété intellectuelle, – de condamner in solidum l’association Ballet Preljocaj et le Théâtre Chaillot à payer à Mme G M, la somme de 50 000 euros à titre de dommages et intérêts pour l’atteinte à son droit moral d’auteur,
de condamner in solidum l’association Ballet Preljocaj et le Théâtre Chaillot à payer à Mme G M, la somme de 90 000 euros à titre de dommages et intérêts pour l’atteinte à son droit patrimonial d’auteur, – d’ordonner la publication du jugement à intervenir dans cinq journaux, périodiques ou autres sites Internet au choix de Mme M aux frais solidaires des défendeurs, et ce à concurrence de 4.500 euros hors taxes par insertion,

considéré que ‘le < costume > de Iuliette, les robes lame, P et dos nu carapace, ainsi que le long manteau anatomique, constituent des oeuvres originales, et comme telles éligibles à la protection des droits d’auteur’, – dit que ‘Mme G O est titulaire de droits d’auteur, sur les < costumes > de H et sur les robes lame, P, dos nu carapace et sur le manteau long anatomique, utilisés par la compagnie Ballet Preljocaj, dans le cadre des représentations du spectacle L et H, données au Théâtre national de Chaillot, au cours de la saison 2016/2017, jusqu’au 24 décembre 2016″

https://www.dalloz.fr/documentation/Document?ctxt=0_YSR0MD1zY2Vub2dyYXBoZcKneCRzZj1zaW1wbGUtc2VhcmNo&ctxtl=0_cyRwYWdlTnVtPTHCp3MkdHJpZGF0ZT1GYWxzZcKncyRzb3J0PSNkZWZhdWx0X0Rlc2PCp3Mkc2xOYlBhZz0yMMKncyRpc2Fibz1UcnVlwqdzJHBhZ2luZz1UcnVlwqdzJG9uZ2xldD3Cp3MkZnJlZXNjb3BlPVRydWXCp3Mkd29JUz1GYWxzZcKncyR3b1NQQ0g9RmFsc2XCp3MkZmxvd01vZGU9RmFsc2XCp3MkYnE9wqdzJHNlYXJjaExhYmVsPcKncyRzZWFyY2hDbGFzcz0%3D&id=CA_PARIS_2018-01-18_1402884

Dénaturation d’une œuvre d’art et le droit moral de l’artiste

Dans l’ affaire emblématique dite Bernard Buffet, dans laquelle l’artiste Bernard Buffet peint une nature morte sur un réfrigérateur qui est vendu aux enchères. L’acquéreur de l’œuvre décide de découper les panneaux de l’appareil pour les revendre séparément. L’artiste fait opposition à la vente et sollicite des dommages et intérêts pour atteinte à son droit moral.


La Cour de cassation donne gain de cause à l’artiste aux motifs que : « le droit moral qui appartient à l’auteur d’une œuvre artistique donne à celui-ci la faculté de veiller, après sa divulgation au public, à ce que son œuvre ne soit pas dénaturée ou mutilée lorsque, comme en l’espèce, la Cour relève souverainement que l’œuvre d’art litigieuse, acquise en tant que telle, constituait une unité dans les sujets choisis et dans la matière et que par le découpage des panneaux du réfrigérateur, l’acquéreur l’avait mutilé » . (Cass. 1e civ. 6 juillet 1965)

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Le stand Fédération XPO -au SITEM

La Fédération des concepteurs d’expositions regroupe les acteurs de l’écosystème à travers leurs associations et leur syndicats: muséographes, scénographes, concepteurs lumière, graphistes, designers, producteurs audiovisuel, multimédia et numérique, conservateurs, médiateurs, manipeurs…

Dix associations  et syndicats professionnels sont ses membres actifs :

Association Les Muséographes (LM)
Association Professionnelle des Muséographes (APM),
Association Scénographes (AS),
Union des Scénographes (UDS),
Association des concepteurs lumière et éclairagistes (ACE),
Association des producteurs d’expériences numériques (PXN),
Alliance France Design (AFD),
Associations des agenceurs (RefMuséo),
Association des Préventeurs Universitaires et Techniciens

de Conservation – Conservation du Patrimoine (APrévU)
Professionnels de l’Image et des Archives de la Francophonie (PIAFimages)

au SITEM ! Imaginé et conçu par dUCKS scéno et Krzysztof Sukiennik 👏🏼stand F18, pour la 29ème édition SITEM, Salon International des musées, des lieux de culture et de tourisme, est de retour au Carrousel du Louvre les 25 et 26 Mars 2025

Fabrication : SEQUOIA et TRAPHOT

Jurisprudence Contrefaçon oeuvre lumineuse de Michel de Broin

Contrefaçon : appréciation de la protection de la plus grande boule à facettes du monde Michel de Broin est un artiste visuel dont le travail repose sur le détournement d’éléments du quotidien.

En 2009, il a conçu une œuvre monumentale dans le cadre de la Nuit Blanche à Paris intitulée La Maîtresse de la Tour Eiffel.Présentée dans le Jardin du Luxembourg à Paris, cette œuvre consistait en la suspension par une grue d’une boule à facettes d’un diamètre de 7,5 mètres et composée de 1000 miroirs. Cinq projecteurs permettaient aux faisceaux lumineux d’être reflétés dans le jardin, et notamment sur la façade du Palais du Luxembourg.L’artiste a découvert que la société ayant fabriqué la boule l’avait ensuite utilisée régulièrement : en 2019 lors de l’inauguration d’un magasin des Galeries Lafayette, mais également en 2011 au festival Solidays, puis à celui des Vieilles Charrues, en juillet 2012 sur la Tour Eiffel et en 2014 lors de la Fête des Lumières à Lyon.

L’artiste a alors assigné, le 6 août 2024, la société en contrefaçon. Reconnue en première instance, l’originalité de l’œuvre présentée lors de la Nuit Blanche n’était plus contestée.Dans son arrêt, la Cour d’appel confirme dans un premier temps la prescription pour les actes antérieurs de plus de cinq années au jour de l’assignation.Dans un second temps, les magistrats se concentrent sur les actes non prescrits. La contrefaçon d’une œuvre de l’esprit consiste dans la reprise des éléments dits originaux.

L’œuvre protégée avait été caractérisée en première instance par « une association d’éléments évocatrice d’un ‘phénomène céleste’, l’originalité résultant du détournement de l’utilisation classique d’une boule à facettes et de son positionnement en surplomb associé à la puissance des éclairages, l’ensemble modifiant la perception de l’environnement. L’œuvre n’est originale que dans sa relation avec un décor. »

Or, la boule à facettes n’est qu’une des composantes de l’œuvre protégée par le droit d’auteur. Et comme l’a relevé le Tribunal, la boule miroir est exclue du périmètre de la protection.Dès lors, la photographie de la seule boule ou de la boule suspendue à une grue éclairée ne constitue pas une contrefaçon.Il en est de même de l’utilisation de la boule à facettes dans sa fonction usuelle d’agrément lors de l’inauguration des Galeries Lafayette, à une hauteur moindre, sans qu’il soit établi une modification de la perception de l’environnement.

La Cour relève d’ailleurs qu’à l’occasion de la Nuit Blanche, l’environnement était plongé dans le noir, alors que tel n’était pas le cas lors de l’inauguration du grand magasin.En revanche, une vidéo présente sur le site Internet de la société, montrant les effets lumineux de la boule sur les bâtiments environnants, constitue une reproduction non autorisée.La société est condamnée à verser la somme totale de 65 000 euros en réparation du préjudice subi pour ce dernier acte.CA Versailles, Ch. civ. 1-1, 18 mars 2025

demande le respect du cadre des conventions Collectives du montant de l’indemnité forfaitaire de déplacement

la branche des arts lyriques UDS, UNISSON, et le SNAC demande le respect du cadre des conventions Collectives du montant de l’indemnité forfaitaire de déplacement

Le récent clausier présenter par 14 organisations syndicales et Arviva est l’occasion pour l’UDS, UNISSON et le SNAC de rappeler les règles obligatoires pour les grands déplacements des artistes et techniciens.

Dans le cadre de sa démarche écoresponsable et dans le but de réduire l’impact environnemental de ses activités, l’ORGANISATEUR s’engage à proposer :

Dans le cadre de sa démarche écoresponsable et dans le but de réduire l’impact environnemental de ses activités, le PRODUCTEUR souhaite privilégier :

un logement accessible à pied ou en transport en commun depuis le lieu de répétition et de représentation, et si possible de la gare

un logement chez l’habitant OU une location temporaire (si séjour de longue durée) OU dans un hôtel disposant d’un écolabel comme par exemple l’Ecolabel européen ou La Clef Verte. Dans le cas d’un hôtel (disposant d’un écolabel ou non), le Producteur souhaiterait disposer en amont du contact de l’hôtel

Le grand déplacement (à défaut de zone géographique précisée dans l’accord d’entreprise,) est caractérisé par l’impossibilité pour un salarié de regagner chaque jour son lieu de domicile du fait de ses conditions de travail.

Lorsque les conditions du grand déplacement sont réunies, une indemnité de déplacement est due. Cette indemnité permet de couvrir les frais supplémentaires de nourriture et d’hébergement engagés par les membres du personnel artistique chorégraphique. Elle peut être versée forfaitairement et également fractionnée suivant les circonstances du déplacement. L’indemnité de déplacement est versée selon les modalités et la ventilation prévues par la convention collective.

En application de l’article 2 de l’accord du 2 Mai 2024 relatif aux salaires minima conventionnels à partir de l’année 2024, le montant de l’indemnité forfaitaire de déplacement est de 115,70 euros à compter du 1er septembre 2024, ventilé selon les modalités suivantes :
– 20,70 € chaque repas principal ;
– 74,30 € chambre et petit déjeuner ;
– 7,30 € le petit déjeuner seul.

Nous, organisations professionnelles du spectacle vivant, souhaitons attirer votre attention sur une problématique majeure concernant les défraiements alloués aux artistes et techniciens en déplacement dans le cadre de productions lyriques. 

Les forces musicales représentant les maisons d’opéra sont signataires du CCNEAC du spectacle vivant, dont les barèmes de défraiement, réévalués chaque année, s’élèvent en 2024 à 115,70 €. Or, nous constatons que certains contrats proposés dans les opéras appliquent soit un barème ROF (Réunion des Opéras de France), soit un CCNEAC assorti d’une exonération sur la base URSSAF, réduisant le montant à 98,30 €. 

La question des barèmes de défraiement appliqués par les adhérents de la ROF et des Forces musicales est particulièrement sensible pour nous : 

Le barème URSSAF ne peut en aucun cas constituer une référence adéquate, puisqu’il n’est pas réévalué annuellement en fonction de l’inflation, et lorsqu’une convention a été signée, il ne devrait y avoir aucune raison de s’en exonérer et d’appliquer une référence inadaptée et préjudiciable aux professionnels concernés. 

A ce jour, tel que cela est proposé aux artistes et techniciens du secteur, les défraiements qui nous sont alloués ne suffisent donc plus à couvrir les frais de logement à proximité des maisons d’opéra dans les grandes villes où nous travaillons. La situation devient d’autant plus préoccupante que le barème de la convention collective CCNEAC, réévalué chaque année répond mieux aux obligations des employeurs et à la réalité du terrain. Il se crée alors un fossé entre les défraiements des uns et des autres, selon le secteur. 

Nous sommes bien entendu parfaitement conscients du contexte économique et des contraintes qui pèsent sur les institutions culturelles. Cependant, l’absence d’adaptation de ces barèmes nous place dans une situation où, faute d’alternative, nous devons assumer nous-mêmes une part croissante de nos frais d’hébergement, ce qui n’est pas acceptable compte tenu de nos statuts. 

Nos rémunérations n’étant, au demeurant, pas du tout croissantes, voire diminuent ces dernières années pour certains métiers, cette situation participe d’une précarisation qui, à terme, menace l’équilibre même de nos professions. 

Aussi, nous restons à votre disposition pour étudier ensemble une solution permettant d’assurer des conditions de travail dignes et conformes aux exigences de nos métiers. 

https://www.artcena.fr/precis-juridique/droit-du-travail/remuneration-et-frais-professionnels/salaires-et-primes

Chronologie de nos processus de créations

Depuis 1996, l’UDS cherche à clarifier et bâtir un cadre stabilisé et sécurisé pour le statut des scénographes, de spectacles vivants.

Force est de constater que la situation de l’emploi est différente entre les artistes et les techniciens. Les créateurs/créatrices, sont aujourd’hui dans une situation plus fragile, leur rémunération déclarés de manière forfaitaire est moindre et le nombre moyen d’heures de travail qu’ils effectuent également.

Ce document rend compte de la chronologie du travail d’un scénographe créateurs/créatrices costumes et lumières et des réalités de la rémunération de nos métiers. Derrière la question du statut : annexes 8 ou 10 du régime de l’intermittence se joue une réalité tangible : celle de la rémunération du travail invisible et des heures passées non reconnues

. Ce document en témoigne, à l’échelle d’un projet, le temps reconnu et payé n’est que la partie émergée d’un processus créatif bien plus vaste.
Il met également en avant les deux principaux axes d’améliorations possible : 
le passage de l’annexe 8 (techniciens) a l’annexe 10 (artistes) de tous les métiers de la création (décors, costumes et lumière) 
– la nécessaire mise en place d’un Organisme de Gestion Collective OGC qui permettra de prélever à la source les droits d’auteur relatifs à l’exploitation / diffusion de nos œuvres, dans le cadre du plan Mieux produire mieux diffuser

le rapport Ministériel de 2015 Bâtir un cadre stabilisé et sécurisé pour les intermittents du spectacle. Etude et rapport | Hortense Archambault préconisait déjà p32 : « Une réflexion mérite d’être menée au niveau des branches sur une répartition différente de certains métiers techniques étroitement liées à la création artistique. Sans doute faudrait-il, affecter dans l’annexe 10 certaines professions aujourd’hui considérées comme techniques alors qu’elles sont attachées à la conception du spectacle et font partie de l’équipe de création. Ces métiers sont de fait souvent rémunérés de manière forfaitaire et sont très dépendants de leur nature artistique pour trouver un contrat : dramaturge, scénographe, éclairagiste, créateur costume etc... »

Mais que diable allions nous faire dans cette galère !

Dans une époque où tout semble vaciller, où les crises s’enchaînent, d’une ampleur inédite, et où les certitudes se dissipent comme brume au soleil, il devient impératif de s’interroger sur ce qui reste lorsque tout s’effondre.

Il est des silences assourdissants, ceux d’un pays qui, jadis, portait la culture en étendard et qui, aujourd’hui, la tolère comme un poste de dépense superflu, ou chaque crise successives, économiques, écologiques, numériques, technologiques, organisationnelles… résonnent comme une mise en demeure.

En ces temps de vaches maigres, les aléas d’alternances politiques hasardeuses imposent une asphyxie comptable. Des villes, des départements, des régions entières serrent la ceinture de leurs budgets, mutilant ce qui nous tient debout. Pendant la crise du Covid, le ministère nous parlait de “trous dans la raquette” dans le tissu culturel. Des pertes visibles, certes, mais dont on sous-estimait déjà l’ampleur et la portée.

Le spectacle vivant est à genoux. Non pas parce que ses artistes et ses techniciens manquent de passion ou d’idées, mais parce qu’ils manquent de moyens, de reconnaissance, et de perspectives.

La promesse de “mieux produire, mieux diffuser”, semble bien dénuée de sens quand la réalité se résume à “ni produire, ni diffuser”. Ce plan managérial altère en profondeur les équilibres sans garantir un cadre stable et adapté aux mutations des métiers, en occultant ou minimisant l’instabilité et la précarisation croissante des métiers techniques et artistiques. Raccourcir les budgets et les temps de créations brutalement ne poussent pas à l’efficacité, mais à l’inertie : moins de créations, moins de prises de risques, moins de diversité.

L’UDS demande depuis plus de dix ans que nos métiers de la création soient inscrit dans la bonne annexe (annexe 10 Artiste)  pour bénéficier d’un régime d’assurance chômage adapté, cohérent et en adéquation avec les processus de création, pour pouvoir dignement vivre de son art, répondre aux mieux aux enjeux de mobilités internationales et aux besoins de formations pour mieux anticiper les crises plutôt que de les subir en continu. 

Du 17 au 21 mars 2025, les professions artistiques et techniques de la Culture  se mobilisent pour rappeler leur rôle essentiel. L’Union des scénographes (UDS) s’associe au mouvement national

L’UDS ne demandera pas de faire grève. Nous savons que, dans nos métiers, l’absence de travail est déjà une menace permanente. Mais dans ce remue-ménage nous refusons d’être invisibles !

Il ne s’agit plus seulement de défendre nos conditions de travail. Il s’agit de préserver la possibilité même de créer. Si la culture est une maison, alors le Ministère devrait être notre toit, notre refuge contre les tempêtes politiques et économiques.

Nous avons besoin d’un “Valois de la Culture”, une ambition claire, un signal fort, un engagement national qui affirme un plan culturel, où l’on décide si ce pays veut encore rêver, penser, inventer, espérer ….!

Syndicat National des Scénographes d'équipement, de spectacle et d'exposition ; des costumiers /costumières et des créateurs/créatrices lumières