Quadriennale de Prague : une mascarade organisée par le ministère: Irrespect – Irrégularité – Incohérence

L’organisation de la prochaine participation française à la Quadriennale de Prague 2027, manifestation internationale de référence pour la scénographie, se révèle encore aujourd’hui comme une véritable mascarade!

Alors qu’un appel à projet public avait pu laisser espérer une nouvelle dynamique, conforme à l’esprit d’ouverture et d’équité que la profession réclame depuis des années, nous constatons au contraire la persistance d’une gouvernance opaque, élitiste, institutionnelle et déconnectée des réalités de nos métiers.

Un mépris persistant pour la scénographie

La Quadriennale est un espace pensé par et pour les scénographes, centré sur le décor, les costumes, la lumière. Elle n’a pas vocation à mettre en avant des metteurs en scène ou directeurs d’établissements, déjà sur-représentés ailleurs.

Elle naquit d’une volonté collective des organisations professionnelles: de 1967 à 2003, ce fut une fraternité ou, dirait-on aujourd’hui, une sororité qui porta la scénographie française à Prague, en faisant valoir la force d’un métier plutôt que l’orgueil d’un nom associé à une institution théâtrale.

Des 2019 la DGCA en s’appropriant et en nous dépossédant de notre événement, a présenté des pavillons impénétrables, qu’on regarde à distance, sans artistes pour accueillir et dialoguer avec les visiteurs, contrairement à la pratique internationale. Cette arrogance nuit à notre image et marginalise nos métiers.

Un processus vicié dès le départ

Cet année un appel à projet a été lancé sans thématique, sans budget , sans dossier technique ni précisions sur les conditions de présentation du pavillon français. Les candidats ont dû envoyer un CV et une lettre de motivation, une procédure plus proche d’un recrutement administratif que d’un appel à projet artistique. Deux jours seulement après la clôture des dépôts, le thème officiel de la Quadriennale était dévoilé, ce qui interroge la sincérité du processus.

Dix-sept candidatures ont été reçues ; six seulement retenues, selon des critères jamais explicités. Aucune transparence sur les noms de la shortlist.

Les artistes auditionnés ont remis un livrable, se sont déplacés à leurs frais pour être auditionnés, et la DGCA s’obstine à nous dire avec un certain mépris que leur travail n’est pas suffisamment significatif pour accorder une indemnité comme il est d’usage.

Une mise à l’écart des indépendants

La moitié des finalistes sont aujourd’hui liés à des institutions culturelles théâtrales subventionnées. Or, le principe même de l’indemnité prévue dans les marchés publics vise à garantir la place des indépendants et la diversité des approches. À défaut, la participation française risque de se réduire à une manifestation élitiste, réservée aux directions d’institutions, en contradiction avec l’esprit originel de la Quadriennale.

Écologie proclamée, écartée

Il y a peu, à Avignon, la DGCA nous exhorte à la conversion écologique : décors, costumes, lumières, tout devait désormais se plier à l’injonction verte. On nous sermonne et on stigmatise nos métiers dans Télérama « la création artistique coûte cher… à la planète ». Lorsque l’occasion se présente de mettre en cohérence paroles et actes, en présentant à Prague une scénographie éco-conçue portée par l’Union des Scénographes fédérant des collectifs d’artistes et technicien.nes engagé.es, l’opportunité fut soigneusement écartée. L’incohérence est totale : Il est toujours plus aisé de prêcher que d’agir.

La DGCA, pour justifier cette incohérence, invoque la primauté des « intentions artistiques ». Comme si nos métiers se réduisaient à des idées détachées de leurs conditions de réalisation. Or la scénographie n’existe qu’au croisement : artistique, technique, matériel, environnemental. La dissocier d’elle-même revient à nier ce qu’elle est.

Un non-respect des règles de la commande publique

Nous rappelons les termes de la circulaire ministérielle du 10 juillet 2015 relative aux bonnes pratiques en matière de marchés publics :

« Dès lors qu’un travail d’étude et de conception a été engagé (esquisses, avant-projets sommaires), les candidats doivent être rémunérés en considération du travail effectué. La demande de telles prestations doit être précisée dans l’avis d’appel public à concurrence. Les modalités de remise ainsi que le montant de l’indemnisation doivent être prévus dans le règlement de consultation ou le règlement de concours. » (P5)

Cette exigence n’est pas seulement une protection des créateurs et créatrices, afin d’éviter qu’ils ne travaillent gratuitement. Elle sert également l’intérêt du commanditaire pour garantir la diversité et la qualité des candidatures, pour favoriser une concurrence réelle, éviter enfin l’autocensure des indépendants qui, trop souvent, se détournent des appels non indemnisés.

La procédure engagée pour la Quadriennale de Prague s’écarte de ce principe. Elle requiert des scénographes un travail conséquent, mais ne prévoit aucune indemnité. La situation a été signalée. On pouvait penser à une omission. Il n’en est rien. L’administration a confirmé qu’il s’agissait d’une décision délibérée.

Il faut en mesurer les conséquences. Ce choix ministériel traduit un manque de considération pour la profession. Il se soustrait à ses propres règles, décourage les indépendants, réduit la pluralité des candidatures et affaiblit la légitimité même du processus.

Un appel à rétablir la cohérence

La profession attend un choix clair, fidèle à l’esprit de la Quadriennale et respectueux de ceux qui, depuis 1967, portent la scénographie française sur la scène internationale. Il est temps de sortir de l’incohérence, de l’entre-soi et du mépris. Ne pas le faire constituerait un signal extrêmement préoccupant pour l’ensemble des artistes et praticiens de la scénographie.

La Quadriennale de Prague aurait pu, cette année, être une réconciliation : entre mémoire et avenir, entre art et technique, entre institution et profession. Elle sera, si rien ne change, une mascarade supplémentaire.

Dans une période où les artistes scénographes font face à des difficultés économiques accrues, il est regrettable que l’autorité chargée de soutenir et de promouvoir leur métier choisisse d’amoindrir, plutôt que d’honorer, la valeur de leur travail.

A jouer les Harpagon la DGCA discrédite le sens de son action.

L’indemnisation des esquisses dans les marchés publics de design : repères pour les scénographes

La question de la rémunération des esquisses, croquis, maquettes ou prototypes dans le cadre des marchés publics concerne directement les scénographes, souvent sollicités pour produire des propositions visuelles ou techniques avant même l’attribution d’un marché.

Trop fréquemment, ce travail préparatoire reste sous-évalué, voire non indemnisé, alors qu’il constitue un investissement créatif, temporel et financier important. La juste rémunération des designers à l’occasion des commandes publiques de design est un sujet auquel le ministère de la culture est particulièrement attaché. Le respect de cette obligation est de l’intérêt même des acheteurs. En effet, la juste indemnisation des efforts fournis, par le biais d’une prime suffisante, garantit la légalité de la procédure.

L’ensemble de ces dispositions s’inscrit dans un cadre plus large, propre à favoriser la création dans le champ des arts visuels. La situation économique des créateurs, a fortiori dans un contexte où leurs difficultés ont été accentuées, est un enjeu majeur de politique publique.

1. Le cadre juridique

Le droit français encadre clairement cette situation.

  • Article R.2151-15 du Code de la commande publique : il prévoit une indemnisation obligatoire, sous forme de prime, lorsque les candidats doivent remettre des documents dont l’élaboration représente un investissement significatif (esquisses, maquettes, prototypes, études graphiques, etc.).
  • https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000037730511/2019-04-01
  • Circulaire du 10 juillet 2015 (Ministère de la Culture) : elle rappelle aux services publics que les designers doivent être justement rémunérés lors des appels d’offres impliquant un travail créatif conséquent.
  • Fiche technique du 18 mai 2023 (Ministère de l’Économie et des Finances) : elle précise les bonnes pratiques pour les acheteurs publics en matière de remise de maquettes, échantillons ou prototypes.

2. Ce que cela signifie pour les scénographes

Concrètement, si un marché public vous demande :

  • de réaliser des esquisses ou plans détaillés,
  • de produire une maquette physique ou numérique,
  • d’élaborer un prototype ou une mise en situation,

alors ces éléments doivent être indemnisés à leur juste valeur. La prime doit être suffisante pour refléter l’effort attendu : elle n’est pas symbolique, mais proportionnée au temps et aux moyens mobilisés.

3. Pourquoi cette indemnisation est essentielle

  • Pour la légalité des procédures : un marché sans prime adaptée peut être jugé irrégulier.
  • Pour l’équité et la diversité des candidatures : sans indemnisation, seuls les plus grands bureaux ou ceux disposant de ressources importantes peuvent répondre, au détriment des indépendants et jeunes praticiens.
  • Pour la qualité des propositions : une rémunération claire encourage un investissement sérieux et traduit la reconnaissance de la valeur du travail créatif.

4. Les outils à connaître

  • Le Guide de la commande publique en design (Le Centre national des arts plastiques, établissement public sous tutelle de la direction générale de la création artistique, est à l’initiative d’un guide de la commande publique en design, rédigé en lien avec les organisations professionnelles, notamment l’Alliance française des designers, et destiné aux commanditaires afin de faciliter la relation de commande.
  • le Centre national des arts plastiques (Cnap) publie en juin 2024 une nouvelle version mise à jour et enrichie du guide La commande de design graphique dans la collection des « Guides de l’art contemporain », précédemment édité en 2014 et largement diffusé depuis.

5. Recommandations pratiques aux scénographes

  • Vérifiez toujours que l’appel d’offres mentionne l’indemnisation des esquisses.
  • Évaluez le montant de la prime : s’il est manifestement disproportionné par rapport à l’investissement attendu, signalez-le.
  • Appuyez-vous sur vos organisations professionnelles pour rappeler aux acheteurs publics leurs obligations.
  • N’acceptez pas de fournir des maquettes ou esquisses détaillées sans contrepartie financière prévue.

Artcena et la Quadriennale de Prague : une mémoire niée, une incohérence assumée

Chronique d’une exclusion – une absence et un silence nous est une fois de plus imposée

Pour la troisième fois consécutive, l’UDS L’Union des Scénographes se voit écartée du processus de sélection dans le cadre de la représentation française à la Quadriennale de Prague. Cette exclusion constitue un fait regrettable, aux conséquences symboliques et institutionnelles profondes, dans la mesure où elle vise une organisation professionnelle dont l’histoire est indissociable de cet événement .

Créée en 1967, l’AFSTT, devenue Union des Scénographes en 1996 a porté la présence française à la Quadriennale de Prague jusqu’en 2003, dans un esprit de rigueur artistique, de coordination professionnelle et de rayonnement culturel. Cette responsabilité, exercée avec constance, a contribué à inscrire durablement la France dans cet unique événement international consacré à la scénographie.

L’UDS constate avec amertume que cette année les modalités de sélection appliquées par l’opérateur ARTCENA, placé sous la responsabilité du ministère de la Culture, ne permettent ni un traitement équitable des candidatures, ni la reconnaissance du savoir-faire et l’expertise professionnel accumulé par l’UDS.

Notre candidature imaginée en coopération avec le collectif 17h25 et la Réserve des Arts, ne relevait d’aucun privilège. Il répondait avec rigueur aux attentes d’un appel à projet dont le thème, paradoxalement, résonne cruellement avec notre situation : « Absences et silences – Espaces potentiels pour de nouveaux futurs scénographiques ».

Notre proposition s’inscrivait pleinement dans les orientations portées et financées par la DGCA sur l’éco-scénographie. Et pourtant, elle fut rejetée sans explication convaincante, au terme d’une procédure dont les irrégularités au code des marchés publics discréditent la légitimité même du processus.

Sur les dix-sept candidatures déposées, six ont été retenues en vue de soumettre un projet artistique. L’UDS, pour sa part, n’a pas été autorisée à franchir cette première étape. L’UDS ne réclame pas de traitement particulier. Elle défend simplement la possibilité de pouvoir présenter un projet au ministère et d’exister au sein d’un espace qu’elle a contribué à fonder !

Ce refus d’accéder à la phase de dépôt d’un projet artistique apparaît, en contradiction manifeste avec les discours tenus par la DGCA sur la nécessaire mobilisation des acteurs culturels autour des enjeux de transition écologique, de transformation des pratiques pour mieux produire mieux diffuser et leur interprétation par ARTCENA.

Il met en lumière une incohérence profonde dans la conduite des politiques culturelles. Le ministère parle de transition écologique et ARTCENA écarte les acteurs qui la concrétisent.

La culture française ne se renforce pas par l’effacement de ses acteurs les plus investis souvent bénévolement. Elle repose sur la reconnaissance des compétences, le respect des engagements passés, et la volonté partagée de faire rayonner nos disciplines dans un cadre rigoureux, cohérent, et fidèle à l’intérêt général.

préconisations du groupe de travail transition écologique du conseil national des professions du spectacle (CNPS)

Le Conseil national des professions du spectacle (CNPS) a été institué par décret du 29 mars 1993, modifié le 27 août 2013 et le 7 juillet 2024. Le CNPS est un lieu important d’information et d’échanges sur les questions concernant les professions du spectacle vivant et enregistré. Présidé par le ministre de la Culture et de la Communication, le Conseil est la seule instance de dialogue partenaires sociaux et syndicaux qui peut être consultée par le gouvernement sur l’ensemble du champ du spectacle, vivant et enregistré. (audiovisuel)

Pendant plus d’un an (2023-2024), des organisations syndicales d’employeurs et de salariés, des représentants d’associations d’élus et de l’État se sont réunis dans un groupe de travail « transition écologique » mis en place par le CNPS.

Les travaux, constitués d’auditions d’experts et de débats, avaient pour objectif d’analyser et d’anticiper les conséquences d’une démarche de transition écologique sur les activités du spectacle. ( l’Ademe et le Shift- project ont été auditionné)

Le rapport s’appuie sur les scénarios prospectifs issus de l’étude de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) Les futurs en transition. Elle propose quatre trajectoires permettant à la France d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. À partir de ces scénarios, le groupe a conduit un diagnostic approfondi structuré autour de six thématiques.

 Ils ont permis d’aboutir à des recommandations autour de cinq thématiques :  

  1. Les activités de spectacle en 2050
  2. L’avenir des mobilités culturelles
  3. Les trajectoires numériques
  4. La formation aux transformations
  5. Les conditions de travail
  6. L’évolution des modèles économiques

Elles se déclinent selon trois grands axes.

  1. Définir une stratégie nationale et collective de transition écologique
  2. Accompagner l’évolution des métiers, des emplois et des compétences
  3. Adapter l’ensemble des branches aux nouvelles conditions de travail

l’UDS ne siège pas au CNPS, et n’a pas été auditionné mais a demandé de pouvoir soumettre des recommandations .

L’Union des scénographes est un syndicat professionnel autonome qui représente, pour ce qui concerne le spectacle vivant, les créateurs et créatrices de décors, lumières et costumes. Elle est très engagée dans les questions de développement durable depuis de nombreuses années. Son Manifeste d’éco-scénographie, aujourd’hui traduit dans plusieurs langues, accompagne les professionnels de manière très concrète dans un cadre juridique bien établi. 

Cependant, le statut juridique de nos professions freine considérablement cette transformation écologique alors même que deux petits ajustements seraient possibles et pourraient être facilement mis en place.

Pour bien comprendre, il faut savoir que les créateurs et créatrices de décors, costumes et lumières, ont un double statut :

  • artistes-auteur pour la conception et la diffusion de leurs œuvres (sans OGC)
  • Salarié(e)s intermittents du spectacle (annexe 8 : technicien au lieu de l’annexe 10 : artiste) pour la direction artistique de leurs œuvres.

Dans ces deux statuts, un ajustement est nécessaire. on vous invite à lire le document complet

L’ appel D’ avignon

Ces derniers temps, le spectacle vivant, malgré sa vaillance subit des épreuves dignes des plus grandes tragédies. Face aux enjeux politiques, environnementaux et technologiques, l’art paraît bien souvent relégué à l’arrière-plan d’une époque instable, tourmentée et inquiète.

Aujourd’hui, l’économie mutile ce qui nous tient debout. Partout, on ferme, on réduit, on reporte. Partout, on saborde une architecture culturelle populaire que des générations ont patiemment édifiée avec passion et fierté. Nous étions la nation qui avait osé croire qu’il fallait que chaque territoire, chaque commune, chaque quartier ait son théâtre, son centre culturel, sa médiathèque, son conservatoire. Nous avons fait le choix collectif, de l’ambition de la culture pour tous ! Elle n’est pas moins précieuse que la justice, la santé, ou l’école : elle est leur sœur. Elle est ce qui permet à une démocratie de penser et de se réinventer.

La France est donc riche d’un paysage artistique inestimable, dont l’activité et l’éclat des productions d’hier contrastent douloureusement avec la sobriété et les renoncements d’aujourd’hui. Les déséquilibres s’aggravent et les subventions résiduelles mettent en péril des institutions, des festivals, des compagnies, des lieux de création, des ateliers de constructions…

Le recours au fonds de réserve, utilisé comme une rustine technocratique pour préserver un équilibre de façade, ne saurait masquer plus longtemps les effets durables des baisses des subventions des collectivités, aggravés par l’inflation constante des charges de fonctionnement.

La politique culturelle de demain, si elle veut tenir ses promesses de mieux produire, mieux diffuser, devra aussi savoir mieux entendre notre écosystème. Il ne suffit pas de briser les cadres : encore faut-il bâtir les formes nouvelles capables de les remplacer. D’autres imaginaires appellent d’autres moyens, qui ne sauraient obéir aux règles de l’uberisations  et de l’algorithmes.

Les programmes des saisons artistiques, conjurent tant bien que mal la pénurie, et en coulisse les équipes s’épuisent à sauver les apparences pour maintenir de nombreux levers de rideaux. Le système D est devenu le dernier carburant d’un moteur que l’on feint de croire encore puissant. L’été culturel en camping c’est bien, mais c’est prendre avec une certaine légèreté les défis auxquels nos métiers sont confrontés. Notre navire sombre et l’on s’interroge sur la traçabilité du bois des chaloupes. Tenir bon ne suffit plus !

Car vivre de son art ne peut se réduire à survivre d’une création à l’autre, à saluer son public avec le sourire de ceux qui savent que demain est déjà compromis. Autour de nous, les cercles de nos collaborateurs se restreignent, les métiers disparaissent, les compétences s’effacent, emportées par le courant d’une société résignée.

En 2026, pourra-t-on encore garantir aux comédiens, la présence d’un costumier, d’un scénographe, d’un créateur lumière ? Ou faudra-t-il, à force de coupes, faire du théâtre sans auteur et sans scène ?

À mesure que l’intelligence artificielle colonise nos imaginaires, c’est toute l’intelligence humaine, sensible, poétique, et créative, qu’il nous faut défendre et valoriser pour dessiner l’avenir d’une société.

La force de l’UDS réside dans notre capacité collective à nourrir l’espoir face à une situation qui peut sembler en manquer.

Nous n’avons pas seulement besoin d’un soutien économique : nous avons besoin d’un engagement politique. Car ce que nous finançons, ce n’est pas le superflu : c’est le socle de ce qui nous rend humains. La scène, reste notre derniers lieux où l’on apprend à penser et rêver ensemble face à la brutalité du monde.

Nous sommes les héritiers de Molière, d’Hugo, de Camus, de Vilar et à l’occasion du festival d’Avignon 2025, l’UDS refusent de céder au fatalisme et appelle solennellement à soutenir la création, dans ce qu’elle a de plus précieux : sa diversité, son audace, sa capacité à unir et à penser un monde commun en pleine mutation.

Nous savons que l’histoire ne s’écrit ni avec des bilans comptables, ni avec des indicateurs de performance carbones. Elle s’écrit avec des œuvres, des voix, des gestes, elle doit continuer d’être portée avec une volonté de conjuguer encore les verbes de nos métiers au futur.

le bureau de l’Union des Scénographes

L’UDS invite les professionnels et le public à rejoindre massivement les initiatives suivantes et à en inventer d’autres :


– 5 JUILLET 18H30 – Rassemblement contre les coupes budgétaires devant la Mairie d’Avignon
– 6 JUILLET 16H30 – Meeting unitaire pour un service public de la culture , Cloitre saint Louis
– 8 JUILLET 19H – Concert pour le service public de la culture / organisé par les artistes permanents de l’orchestre d’Avignon (avec des musiciennes et musiciens, enseignants et enseignantes artistiques de Lille , Toulouse, Marseille…)
– 13 JUILLET 19H – Culture Boum Boum, avec Planète Boum Boum à la manœuvre et la présence de HK et les Saltimbanks !

Quand le régisseur signe les lumières : reconnaissance d’une fonction de conception artistique et ajustement salarial

Dans une décision récente, la cour d’appel de Nîmes est venue préciser les critères permettant de distinguer le rôle de régisseur lumière de celui de concepteur lumière, et les conséquences de cette qualification sur la rémunération applicable.

Cette décision est significative à plusieurs titres :

Elle réaffirme que l’exercice d’une compétence artistique, même dans un cadre d’exécution technique, peut ouvrir droit à une rémunération et à un statut relevant des catégories cadres artistiques.

• Elle invite les professionnels du spectacle à documenter précisément leur contribution créative, pour en garantir la reconnaissance juridique.

CA Nîmes, 7 mai 2024, n° 21/04132 – CONSEIL DE PRUD’HOMMES – FORMATION PARITAIRE D’AVIGNON

M. G. était engagé en qualité de régisseur lumière pour un spectacle théâtral. Il percevait un salaire horaire brut de 10,03 €, sur la base d’une convention de non-cadre. Il saisit la juridiction prud’homale pour obtenir la reconnaissance d’une fonction de concepteur son et lumière et sollicite une requalification de son poste assortie d’une rémunération horaire de 18 €.

Les positions des parties :

• L’employeur soutenait que M. G. exécutait les directives du metteur en scène et qu’il n’avait ni l’autonomie ni la responsabilité artistique d’un concepteur.

M. G. produisait au contraire plusieurs éléments démontrant un rôle actif dans l’élaboration du dispositif lumineux du spectacle :

• Une affiche sur laquelle il est crédité en tant que responsable des lumières.

• Des échanges de courriels où il dialogue de pair à pair avec le metteur en scène, propose des intentions lumineuses, créé les plans adaptés au lieu, au jeu, à la vision scénique.

• Un plan lumière qu’il a lui-même conçu ,prérogative exclusive du concepteur, et non du régisseur.

L’analyse juridique :

Continuer la lecture de Quand le régisseur signe les lumières : reconnaissance d’une fonction de conception artistique et ajustement salarial

Des images générées via l’IA peuvent-elle être protégées par les droits d’auteur ?

En droit français, une œuvre est protégeable dès lors qu’elle est originale, sans qu’un dépôt soit nécessaire.
Il revient donc aux tribunaux de trancher, quant au caractère protégeable ou non d’une œuvre par le droit d’auteur.

Le droit d’auteur ne s’oppose pas à ce que l’artiste utilise un logiciel ou une IA générative, pourvu que des choix esthétiques, narratifs ou plastiques émanent véritablement de lui.

Les juridictions retiennent comme critère « l’empreinte de la personnalité de son auteur », ce qui sous-entend qu’une œuvre ne peut émaner que d’un être humain. Cela signifie qu’un créateur numérique devra démontrer son intervention personnelle dans la chaîne de production

Sur le plan juridique, les questions de propriété littéraire et artistique surgissent au niveau de la création. Les algorithmes sont nourris de données entrantes constituées par les œuvres à partir desquelles l’IA produit de nouvelles « créations » artificielles. Le développement de l’IA générative soulève deux préoccupations majeures :

  • Les créateurs humains craignent que leurs œuvres soient utilisées pour entraîner des IA sans compensation ni reconnaissance.
  • Les entreprises doivent s’assurer que les contenus générés par IA ne violent pas des droits préexistants, sous peine de poursuites.
Continuer la lecture de Des images générées via l’IA peuvent-elle être protégées par les droits d’auteur ?

Le costume, une écriture #2 Avignon

apres le succès de la première édition , L’équipe du « Costume, une écriture » lance une seconde table ronde cet été à Avignon: Le costume, une écriture #2.  Elle se tiendra le 15 juillet de 14h30 à 17h30 à la Maison des Pros – Cloître St Louis

   Ce rendez-vous est soutenu par L’UDS – union des scénographes-, L’IUF – institut universitaire de France et Artcena.
 Nous continuons d’ouvrir l’oeil et creuser le regard sur le riche foyer de création qu’est le costume dans le spectacle vivant et la manière dont il participe à l’écriture du spectacle.       

À l’appui de l’édition 2025 du Festival d’Avignon, nous avons le plaisir de rassembler autour de Marion Boudier et Benjamin Moreau :
– Charlotte Clamens, actrice dans Le Sommet de Christoph. Marthaler où le costume est pensé de la mise en scène à l’interprète comme une image.
 – Elise Garraud, chercheuse sur le costume dans le Théâtre du Radeau, présent avec Item et Par autan où le costume est déplacement et construction d’ensemble.
– Pauline Kieffer, créatrice costume des Incrédules de Samuel Achache où le costume nait de l’écriture scénique et musicale.

 Sur le site Artcena dans le Magazine Tendance la rencontre sera disponible en podcast. Aussi, à compter de juillet, retrouver toutes les restitutions de notre cycle de rencontres 2025 sur le costume en écriture de plateau avec des acteur.rices, des responsables d’atelier et des pédagogues. 

Aujourd’hui, nous sommes heureux de vous annoncer la publication en ligne, sur le site d’ARTCENA, des fiches métiers consacrées aux créateurs / créatrices costume. Elles viennent mettre un peu de clarté sur notre double statut salarié intermittent et artistes auteur 

https://www.artcena.fr/guide/apprehender-son-environnement-professionnel/metiers-et-economie-du-spectacle-vivant/fiches-metiers/createur-creatrice-costumes

https://www.artcena.fr/artcena-replay/apero-tete-chercheuse-ecrire-avec-le-costume

Référentiels carbone des CDN et des équipes artistiques

Le lundi 26 mai 2025, une rencontre publique co-organisée par l’ACDN et le Théâtre Dijon Bourgogne s’est tenue dans le cadre du festival Théâtre en mai. À l’issue de la réalisation de leurs référentiels respectifs, le réseau des Centres dramatiques nationaux, ainsi qu’un panel d’équipes artistiques, ont partagé et croisé les principaux enseignements de ces référentiels et les pistes d’action qui en découlent pour le secteur. le Bureau des Acclimatations, qui a accompagné le réseau des CDN pendant 18 mois,

https://www.asso-acdn.fr/referentiels-carbone-cdn-equipes-artistiques/

Enseignements clés des bilans carbone

Continuer la lecture de Référentiels carbone des CDN et des équipes artistiques

Le double statut :Artiste-auteur / Intermittent- Trucs et astuces à savoir !

Introduction générale

Les scénographes, créateurs costumes et lumières ont un double statut : 

On distingue 3 parties dans la mise en oeuvre d’une création : 

  • la conception : allant de la première prise de contact jusqu’à la validation du concept 
  • le suivi de la réalisation : allant de la réalisation des maquettes et plans techniques jusqu’à la Première représentation, en passant par le suivi de chantier, les essayages, les répétitions, le montage, les adaptations pour les tournées…
  • la diffusion : l’exploitation de l’œuvre par un tiers.

Chaque partie à sa rémunération propre : 

  • la conception se rémunère généralement sous forme de facture de commande, mais il est également possible de prévoir un contrat de cdd intermittent pour cette partie.
  • le suivi de la réalisation doit nécessairement être salarié (contrat de travail de ccd intermittent)
  • la diffusion est nécessairement sous forme de droits d’auteur (contrat de cession de droits) en pourcentage de la recette (option recommandée) ou en forfait par représentation (ce qui est souvent le cas pour les opéras)

On constate de nombreux dysfonctionnements : 

  • des salaires qui ne correspondent pas au temps réellement passé par les créateurs
  • des salaires qui sont payés jusqu’à un an après le travail effectué
  • des missions qui commencent sans qu’aucun contrat ne soit établi
  • des producteurs ou diffuseurs qui ne reconnaissent pas les droits des artistes-auteurs
  • des créateurs qui s’approprient le travail d’autres créateurs
  • des producteurs qui réutilisent le travail des créateurs sans leur autorisation
  • des conceptions qui ne sont jamais rémunérées car la production a été abandonnée…

Les conseils de l’UDS

Continuer la lecture de Le double statut :Artiste-auteur / Intermittent- Trucs et astuces à savoir !

Syndicat National des Scénographes d'équipement, de spectacle et d'exposition ; des costumiers /costumières et des créateurs/créatrices lumières