Archives de catégorie : Scénographie

Etude sur les métiers de la conception et du suivi de réalisation d’expositions culturelles

Dans le cadre de son affiliation à la Fédération Cinov, XPO Fédération des Concepteurs d’Expositions a copiloté une étude inédite de l’OPIIEC – Observatoire des métiers du numérique, de l’ingénierie, du conseil et de l’évènement, sur « Les besoins en emploi et compétences des métiers de la conception et réalisations d’expositions culturelles ».

Les professionnels de la branche des Bureaux d’études font partie intégrante de cet écosystème composé d’acteurs divers et variés, intervenant dans la conception et la réalisation d’une exposition culturelle. Retrouvez dans cette étude l’ensemble des différents acteurs de cet écosystème.
Cette étude a permis d’identifier pour la première fois le poids des expositions culturelles en France et d’étudier, au sein de cet écosystème, les métiers et les compétences prioritaires à développer des acteurs de la branche des Bureaux d’études.

Tout d’abord, qu’est-ce qu’une exposition culturelle ?

L’exposition est un dispositif intellectuel et spatial, pratiqué par des visiteurs et dont l’objectif est de favoriser leur rencontre avec des œuvres humaines ou de la Nature, des thématiques (historiques, sociologiques, scientifiques, …), des patrimoines (matériels et immatériels) ou des territoires.

Il existe différents types d’expositions : permanentes, temporaires, semi-permanentes, itinérantes, virtuelles. Retrouvez tous ces concepts dans l’étude ci-contre.

Environ 12 300 expositions culturelles par an en France d’après nos estimations pour 117 millions de visiteurs en 2019 (musée et hors musées).

Comment interviennent les professionnels du Numérique, de l’ingénierie, du conseil et de l’Evènement dans le secteur des expositions culturelles ?

L’organisation d’une exposition culturelle : mode projet

Tout comme l’ingénierie de construction, les projets de conception et réalisation d’une exposition sont structurés autour de phases bien précises et autour d’une organisation en mode projet. Les professionnels de la branche des Bureaux d’études peuvent intervenir à différentes phases de la conception et du suivi de réalisation d’une exposition aussi bien en maîtrise d’ouvrage qu’en maitrise d’œuvre. Nous les retrouvons cependant principalement dans la conception.

Transition environnementale et transition numérique : métiers en croissance dans les expositions culturelles

Sur les 50 métiers identifiés dans l’écosystème des expositions culturelles, une vingtaine peut être exercée par des professionnels du Numérique, de l’Ingénierie, du Conseil et de l’Evènement : muséographe, scénographe, concepteur de contenus audiovisuels, multimédia et numérique, programmiste, ingénieur technique, économiste, consultant en environnement/écoconception, …

Les métiers qui anticipent la plus forte croissance sont ceux qui interviennent le plus sur la transition environnementale de l’exposition ou l’intégration croissante du numérique.

Retrouvez dans le rapport d’étude ci-contre les métiers impactés par les différents facteurs d’évolution de l’exposition, tant technologiques, écologiques que sociétaux et économiques.

Les compétences clés à développer dans le secteur de l’exposition culturelle face à ces nouvelles tendances 

6 grands domaines ont été identifiés comme prioritaires : notamment la gestion de la problématique environnementale, le management/gestion de projets, la gestion budgétaire, l’expérimentation des innovations numériques ou encore la compréhension des attentes des publics grâce au développement des sciences cognitives.  

Retrouvez également dans l’étude l’ensemble des compétences prioritaires à développer ainsi que la description des métiers par compétences sous forme de fiche métiers.  

Concernant les formations et parcours menant aux métiers du secteur, il a surtout été constaté un manque de visibilité de l’offre.

Un effort de structuration du secteur et des métiers de l’exposition culturelle à poursuivre

Ainsi, les expositions culturelles contribuent, d’après les estimations de l’étude, directement ou indirectement à près de 10% du poids économique de l’activité culturelle en France. Malgré ce poids économique, les métiers et les professionnels en charge de la conception et suivi de la réalisation restent souvent mal identifiés, pas assez reconnus comme une industrie créative et culturelle à part entière.

pour télécharger l’étude , la note de synthèse et le rapport complet toutes les infos sur le site de l’OPIIEC :Observatoire des métiers du numérique, de l’ingénierie, du conseil et de l’évènement

https://www.opiiec.fr/etudes/138722

Les scénographes et les créateurs de Costumes des Artistes -Auteurs

L’UDS a soutenu et défendu les scénographes et les créateurs de costumes en qualité d’artiste auteur. Cette instruction est désormais stabilisée , nos métiers sont donc reconnus pour faciliter les déclarations de revenus et droit d’auteurs au sein de l’URSSAF Limousin

Nous vous informons de la signature par le directeur de la sécurité sociale et le directeur général de la création artistique de l’instruction interministérielle relative aux revenus tirés d’activités artistiques relevant de l’article L.382-3 du code de la sécurité sociale.

Cette instruction, prise pour l’application du décret n°2020-1095 du 28 août 2020, a, pour mémoire, été réalisée dans le cadre d’un travail commun entre le ministère de la culture et le ministère en charge de la sécurité sociale à la suite d’un important travail de concertation.

Nous vous transmettons également, la version finale de la nomenclature d’activités artistiques, qui complète les deux nomenclatures intégrées à l’instruction.

l’instruction interministérielle n°DSS/5B/DGCA/2023/6 du 12 janvier relative aux revenus tirés d’activités artistiques relevant de l’article L382-3 du code de la sécurité sociale a été publiée au Bulletin Officiel de la Santé (p. 149).

Elle sera publiée au prochain Bulletin Officiel du ministère de la Culture du mois de février.

la Sécurité sociale des artistes auteurs a été agréée pour gérer votre régime de sécurité sociale en lien avec vos activités artistiques. La Sécurité sociale des artistes auteurs reprend la gestion du régime social des artistes-auteurs initialement confiée à l’Agessa et la branche sécurité sociale de la Maison des artistes. 

Les revenus artistiques dits « principaux » sont ceux tirés de la conception ou de la création, de l’utilisation ou de la diffusion d’une oeuvre, lorsque ces activités ne sont pas exercées dans les conditions mentionnées à l’article L. 311-2 du code de la sécurité sociale, soit sous la forme du salariat. Listés à l’article R. 382-1-1 du code de la sécurité sociale et détaillés à l’annexe 1,

Vous trouverez le Bulletin Officiel du ministère de la Santé

Scénographie et écoresponsabilité

JTSE 23/11/2022 Table ronde proposée par la fédération XPO, la fédération des concepteurs d’exposition (www.xpofederation.org ), propose une table ronde transdisciplinaire autour des enjeux de la scénographie écoresponsable du spectacle vivant et de l’exposition.Intervenants :

  • Camille Dugas, VP de l’UDS pour présenter l’UDS et les enjeux de l’écoresponsabilité dans le spectacle vivant
  • Philippe Maffre, administrateur de l’association Scénographes et administrateur de XPO va présenter l’écoresponsabilité dans la scénographie d’exposition
  • Stéphanie Daniel, membre de ACE et secrétaire générale de XPO, va présenter l’écoresponsabilité dans le domaine de l’éclairage,
  • Adeline Rispal, membre de l’UDS et VP de XPO, j’introduirai à l’approche globale archi / scéno d’exposition pour expliquer le besoin de collaboration entre tous les acteurs.
https://www.youtube.com/watch?fbclid=IwAR3fxEoidAzdHTkv-A1bYN5wGxkUbOworNNLPdHq_1FJ1tPjZuruj0m4iIg&v=ljUMKvFDMJk&feature=youtu.be

Manifeste de l’éco-scénographie / DECLARATION OF ECO-SCENOGRAPHY

Pour une déontologie des pratiques d’éco-conception / For a deontology of eco-design practices . Find this Declaration in diferents languages :English, Italian, and Spanish

Ce manifeste est un appel à la mobilisation de tous les acteurs pour s’inscrire dans une démarche commune d’éco-conception,
ceci afin de promouvoir et de réguler les pratiques de réemploi des scénographies et des costumes dans le secteur du spectacle vivant.
/

This declaration is a call for the mobilization of all actors to take part in a common eco-design approach, in order to promote and
regulate the practices of reuse of sets and costumes in the live show sector.

« Personne ne sait encore à quoi ressembleront les scénographies réalisées dans la réalité de l’urgence climatique.
Les créateurs répondront à cette question projet par projet.
Tout au long de son histoire, le théâtre a fait preuve d’une extraordinaire capacité de réinvention.
Les prochaines années doivent être considérées non pas comme une restriction, mais comme une invitation à un changement créatif dynamique. »
Theater green book

Il paraît évident, pour L’UDS : Union des scénographes, d’inciter la profession à adopter des comportements en adéquation avec les changements climatiques observés pour créer des nouvelles pratiques durables.

La quête d’une unité professionnelle étant au cœur de la création de l’UDS, ce Manifeste traduit la volonté de coordonner les pratiques d’éco-conception et les attitudes des professionnels en évolution constante face aux enjeux climatiques. Ces préoccupations écologiques s’accompagnent de la recherche d’outils adaptés aux scénographes en faveur de l’économie durable, circulaire et régénératrice.

Les scénographes sont ici, et pour la première fois encouragés à adopter une posture forte et partagée sur le réemploi des scénographies existantes afin d’en favoriser massivement la pratique, tout en veillant à protéger les droits de chacun. 

Ce Manifeste s’adresse également aux directeurs artistiques, producteurs, direction technique… et vise à rappeler les droits et les obligations des scénographes et des producteurs face au réemploi des scénographies. Les éléments énoncés se rapportent à la législation, à la jurisprudence et à la réglementation applicables. Ils se fondent également sur des usages professionnels reconnus, dans le respect des intérêts de chacun et propose une méthodologie claire afin de promouvoir sans ambiguïté la valorisation de l’existant et réduire la pression environnementale. 

En parallèle de ce Manifeste l’UDS souhaite appeler les grands acteurs du spectacle et de l’exposition au développement d’outils commun permettant l’anticipation dans le « sourcing » des matériaux de réemploi. L’UDS demande par ailleurs la transformation des méthodologies de planification et gestion de toute création afin que les objectifs de réemploi soient correctement estimés et intégrés dans le processus général de création et de travail.

Le réemploi et la valorisation des ressources existantes, est notre objectif commun et nous y parviendrons. Il est temps de mobiliser l’aphorisme d’André Gide « L’art naît de contraintes, vit de luttes et meurt de liberté. “

Nowadays, reuse is one of the reference practices of the circular economy: from the material resource, it is also the counterpart of the legal obligation to take seriously the copyrights of the creators. The search for a professional unity is at the heart of the action of the UDS (Union des Scénographes). This manifesto translates the desire to coordinate practices in order to encourage the profession in adopting behaviors that create new sustainable practices. Set designers are here, and for the first time, encouraged to take a strong and shared position on the reuse of existing sets in order to massively promote this practice, while ensuring the protection of everyone’s rights. These ecological concerns are accompanied by the search for methodological tools suitable for set designers, producers and technical directors in favor of the sustainable and circular economy. The elements displayed comply with the principles established by the law, the jurisprudence and the applicable legislation. They are also based on recognized professional practices, respecting the interests of all. The reuse and valorisation of existing resources is our common goal and together we will achieve it!

L’UDS est fier et heureux de présenter le Manifeste dans différentes langues, nous remercions nos consoeurs: Serena Treppiedi de ÉCOSTAGE www.ecostage.online et Esther Garrido de Escenario Zero https://escenariozero.com/ pour la traduction

Scénographies : repenser, réduire, réutiliser ou recycler les décors d’opéras

Journée professionnelle Mardi 8 novembre 2022 à l’opéra de Limoges, espace Simone Veil

L’Opéra de Limoges en partenariat avec le Collectif ARVIVA et L’UDS organise à l’occasion de la création La Princesse Jaune et autres fantasmes dans une mise en scène et scénographie d’Alexandra Lacroix et Fanny Laplane collaboratrice à la scénographie, une journée de débats sur les enjeux d’éco-responsabilité dans la scénographie du spectacle vivant

Vers une production éco-responsable : l’exemple de
La Princesse jaune et autres fantasmes
Quels problèmes posent la réutilisation de décors ou
l’utilisation de nouveaux matériaux ? Véritable solution
environnementale et durable ou étape vers de nouvelles
modalités de création et de fabrication ?

La prise en compte des problématiques
environnementales dans la production lyrique : de
nouveaux enjeux.

Comment les institutions et compagnies lyriques prennent-elles
en compte les problématiques environnementales et écologiques
Avec quels moyens (place des pouvoirs publics) ? Sous quelles
modalités (nouvelles mutualisations, nouvelles modalités de
production, nouvelles synergies…) ?

programme complet

https://www.operalimoges.fr/agitateurlyrique/reservation/journee-detude-decor-et-developpement-durable

Lieux de spectacle, architectures en devenir

Quel est le projet architectural pour le théâtre d’aujourd’hui ? En croisant retours sur l’histoire, analyses de cas, paroles de praticiens et travaux d’étudiants, ce numéro s’efforce de poser un état de la recherche tant pratique que théorique sur le lieu théâtral occidental et son devenir

Après plus d’un siècle de recherche sur le renouvellement du lieu théâtral occidental, où en sommes-nous de cet élan réformateur ? Croisant les approches rétrospectives et spéculatives, les travaux de chercheurs et chercheuses et les paroles de praticiens, des études de cas de lieux construits ou en cours de projection ainsi que des travaux d’étudiants, ce numéro s’efforce de mettre en évidence les enjeux de ce devenir architectural du théâtre face aux enjeux actuels de la création artistique.

SOMMAIRE

Sandrine Dubouilh, Rafaël Magrou, « Éditorial »

Penser le lieu scénique, hier, aujourd’hui, demain 

Sandrine Dubouilh, « Le Lieu théâtral comme objet de recherche : enjeux, méthodes et perspectives »

Thibault Sinay, « De la boîte noire à la boîte verte, une certaine façon d’appréhender les programmes d’architecture des salles de spectacles »

Premier intermède  : Paroles de praticiens de scènes européennes

« Soutenir l’immédiateté de la représentation », Entretien avec Jan Pappelbaum, scénographe Schaubühne am Lehninerplatz, Berlin (témoignage recueilli par Sandrine Dubouilh et Rafaël Magrou ; traduction Pauline Beaucé, relecture de Yann Lebaillif)

« L’espace de la performance », Entretiens avec Ivo Van Hove, metteur en scène et Jan Versweyveld, scénographe – Toneelgroep, Amsterdam (témoignages recueillis et traduits par Rafaël Magrou)

Transformer l’existant, occuper les lieux

Anaïs Dupuy-Ollivier, « Modeler, réduire, transformer l’espace. De Chaillot à Perpignan, réflexions et propositions du scénographe Jacques Le Marquet (1927-2017) »

Eliakim Senegas-Lajus, « Décloisonner la représentation théâtrale ? Les “seuils” du Nouveau Théâtre de Montreuil à l’épreuve de la convivialité »

Romain Fohr, « Un nouveau ou un autre théâtre : le cas exemplaire de Nanterre-Amandiers »

Deuxième intermède : Paroles de praticiens d’institutions françaises

« La Cité du Théâtre à Paris : dialogue fictif entre différents acteurs du projet »

Composé à partir d’entretiens réalisés par Sandrine Dubouilh et Rafaël Magrou avec Éric Ruf (administrateur général Comédie-Française), Vincent Detraz (directeur technique CNSAD), Félix Lefebvre (KANJU scénographies), Benoît Simon (directeur technique Comédie Française).

Investir des espaces autres

Victor Inisan, «  Architectures des festivals in situ : Les territoires recomposés du Lynceus Festival, d’Un Festival à Villerville et des Effusions »

Séverine Reyrolle, « Le Réseau 360 : bilan d’une première décennie »

Rafaël Magrou, « Vers une indéfinition de l’espace théâtral : des tentatives de situations architecturales au service de la création »

extrait:

De la boite noire à la boite verte

Une certaine façon d’appréhender les programmes d’architecture des salles de spectacles

La programmation architecturale et technique intervient en amont d’un projet et participe à sa réussite. Elle est devenue un métier à part entière qui vise à établir les objectifs, les contraintes et les exigences d’une construction. Mais souvent lors de la conception de nouveaux théâtres, on passe d’abord en revue les modèles de dispositifs théâtraux européens constitués selon un mystérieux consensus, où la combinaison d’une salle de 450 à 1000 places et une boîte noire dissimulent un fonctionnement interne conservateur basé sur les pratiques du XIXe siècle. Cependant, l’efficacité d’un modèle dépend toujours de principes de base et d’un contexte. Considérer ces postulats immuables et déployer un unique modèle à l’identique – quel qu’il soit – n’est pas fiable sur le temps long.

Déjà en 1968, le metteur en scène et scénographe Joseph Svoboda plaidait pour, « des théâtres qui soient des organismes vivants[1] » car au défi de réévaluer les « vieilles normes » sur lesquelles sont fondées et organisées  les logiques spatiales et fonctionnelles des théâtres, s’ajoute l’impact environnemental des productions et l’évolution des technologies. Dans une conférence donnée en 2013, Richard Pilbrow, rappelle que tout l’espace théâtral est un instrument avec lequel l’art du spectacle vivant est créé. Dès lors, les choix opérés aujourd’hui en matière de programmation architecturale influenceront les capacités d’adaptation et de création des artistes[2].

L’architecture théâtrale n’est pas une science, il y a 1000 plateaux, de différentes tailles, de différentes formes, avec différentes jauges, différentes technologies, et différentes gestions des coûts de fonctionnement et d’entretien des bâtiments et machineries. Mais lorsque les artistes s’expriment sur ce qu’est un  « bon théâtre », ils l’envisagent d’abord sous l’angle d’un outil de travail, c’est-à-dire un espace de travail adapté nécessaire à la réussite de l’œuvre. Ce qui apparait essentiel aux artistes est la mise à disposition d’un instrument technique performant, mais aussi de compétences humaines qui garantissent son efficacité pour la production et la diffusion de l’œuvre[3].

Accéder article complet:

https://journals.openedition.org/ht/3504


[1] Joseph Svoboda, « Il faut des théâtres qui soient des organismes vivants », Le Monde, 14-15 avril 1968, p. 13 (Propos recueillis par Nicole Zand).

[2]Richard Pilbrow, Conférence Architecture and The Art of Theatre Design, by Richard Pilbrow 8 septembre 2013 au PLASA Professional Développent Programme 2012.  https://www.youtube.com/watch?v=wqobPLc4pBw

[3] Chloé Langeard, Françoise Liot et Sandrine Rui,« Quand les artistes jugent les théâtres. La valeur différenciée des lieux de spectacle à l’aune des carrières artistiques », Sociologie et société, Solitudes contemporaines, Volume 50, numéro 1, printemps 2018, Les Presses de l’Université de Montréal. [en ligne sur erudit.org]

observatoire des métiers: scénographe et design costume

L’art difficile de la relance

Un problème majeur chasse l’autre dans notre société en crise perpétuelle,  Alors après avoir été frappés de plein fouet par la pandémie,  deux années blanches, une période de reprise bousculée, les secteurs culturels doivent maintenant faire face aux mêmes énormes défis en se relançant dans un contexte de pénurie sur fond d’inflation de l’énergie et des matériaux.
Dans le contexte politique actuel du spectacle vivant post covid et année blanche, les enjeux sont importants :, social, sociétal, économique , écologique….

Les premiers échos politiques que nous avons,  font état d’une renégociation prévue  la saison prochaine des Annexes 8 et 10 de l’Assurance Chômage, liée à au régime spécifique des salarié·e·s intermittent·e·s du spectacle. Un durcissement des conditions d’accès ou d’indemnisation est envisagé avec une augmentation du nombre d’heure au-delà des 507 Heures , en parallèle d’une mutation écoresponsable avec une invitation à un ralentissement des productions, des réductions budgétaires par des désengagements des collectivités territoriales .

L’UDS est en négociation avec le Ministère et les organisations professionnelles pour suivre l’évolution des stratégies et mutations de nos métiers dans ce contexte défavorable.

Pour mieux vous représenter , analyser cette période et défendre nos métiers nous avons besoin de mieux saisir vos problématiques et vous invitons donc à répondre à ce rapide questionnaire..

https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSe8H9R6n0elGCu_wD6GGeREpx4z_9MloRhRRF7uu6Bn0rueYA/viewform?usp=sf_link

Droit de réponse de l’Académie des Molières pour réhabiliter le Molière de la meilleure création décor, le Molière de la meilleure création costume ainsi que le Molière de la meilleure création lumière.

Cher.e.s ami.e.s,
Vous vous êtes associés à nous en interpellant l’Académie des Molières pour demander que soient réhabilités le Molière de la meilleure création décor, le Molière de la meilleure création costume ainsi que le Molière de la meilleure création lumière.
Grâce au soutien que vous nous avez apporté en signant notre lettre (visible sur le site de l’UDS), nous avons pu faire entendre notre voix. Nous vous remercions chaleureusement.
Ainsi Marie Sorbier nous a donné la parole dans Affaire en cours sur France Culture le 15 avril 2022 (à écouter ici). Notre pétition sur Change a recueilli près de 2350 signatures et a été partagée près de 950 fois (à voir ici).

Suite à nos échanges un rendez vous est prévue à la rentrée de septembre 2022

Réponse de l’Académie des Molières:

Chers amis,

Nous nous sommes déjà entretenus à plusieurs reprises sur ce sujet qui nous interpelle autant que vous, et sur lequel nous n’avons pas de solution satisfaisante à ce jour. Car s’ajoutent aux créations décor, lumière et costume que vous revendiquez, nombre d’autres familles souvent toutes aussi essentielles à la création théâtrale : vidéo, son, musique originale, marionnettes, masques (que serait sans elles le merveilleux Voyage de Gulliver), chorégraphie et direction musicale (que seraient sans elles les formidables Producteurs et autres ?), sans oublier les auteurs de livret, adaptateurs, traducteurs, et autres nombreux collaborateurs qui participent de la création théâtrale.

Alors, quoi ? Mettre en avant 3 catégories sur une douzaine ?

Certes les Molières sont attachés à mettre en avant le spectacle vivant dans toutes ses dimensions, tout comme ils s’efforcent par ailleurs de participer d’une meilleure représentation des genres ou de la diversité.

Mais notre objectif premier reste de soutenir une diffusion théâtrale qui a besoin des énergies conjuguées de tous. Les spectateurs qui retrouveront le chemin de nos théâtres voient, comme nous, la contribution à la magie théâtrale de tous ceux dont je viens d’énumérer de façon non exhaustive les professions.

Nous comprenons vos combats, même si nous ne pouvons pas donner aujourd’hui satisfaction à votre demande. Notre fenêtre télévisuelle du spectacle vivant ne dispose hélas pas de tous les atouts de l’industrie cinématographique : vedettes, bandes-annonces très professionnelles, notoriété, audiences en conséquence, moyens financiers, et d’abord et surtout une durée d’émission de plus de 3h30 pour les César alors que nous sommes contraints par la chaîne à ne pas excéder 2h15 !

Les postures qui réclament de supprimer deux respirations de 2 minutes pour ajouter 2 prix (et pourquoi ceux-là plutôt qu’une dizaine d’autres ?) négligent le fait que les spectateurs n’ont qu’un effleurement du doigt pour changer vers la centaine d’autres chaînes qui leur proposent mieux qu’un long palmarès. Et le spectacle vivant ce n’est pas ceci ou cela mais ceci et cela comme le rappelait Laurent Terzieff ! La Cérémonie des Molières ne peut pas se cantonner à l’énumération de 19 prix, ponctués de remerciements hélas souvent convenus ; l’humour y a tout aussi bien sa place.

Pour toutes ces raisons, je ne suis pas sûr que les Molières soient spécifiquement le lieu de votre demande. Cette Cérémonie est, et doit être, également un spectacle. C’est ce à quoi nous travaillons. Réjouissons-nous d’être revenus en première partie de soirée et de n’être plus cantonnés à un horaire ultra confidentiel entre 23h et 1h du matin !

Je vous prie enfin de m’excuser d’avoir mis quelques jours à vous répondre : dix jours avant la Cérémonie je ne dispose hélas pas beaucoup de mon temps.

Je reste à l’écoute de vos suggestions,

H . L Délégué général Les Molières

Réponse de l’UDS et UCL:

Mesdames et Messieurs les membres du Conseil d’Administration de l’Académie des Molières,

Nous vous remercions pour votre réponse qui fait suite à notre lettre ouverte demandant que soient réhabilités les Molières pour la meilleure création décor, la meilleure création costume et la meilleure création lumière.

Nous sommes bien conscients de la complexité inhérente à la production de la cérémonie des Molières intégrant le calibrage requis par France Télévision, ainsi que la gageure de ne perdre aucun téléspectateur en route. L’Académie est une association, évidemment libre de mettre en oeuvre les choix votés par son conseil d’administration. 

Ceci étant dit, la cérémonie ayant une place de choix dans le calendrier culturel français, au même titre que les Césars ou que le festival de Cannes, cette cérémonie étant tellement attendue, espérée, voir même contestée par la profession, vous comprendrez aisément que son public, et nous-mêmes, nous nous l’approprions au point de vous solliciter légitimement. En rêvant la voir évoluer, et qu’elle demeure le reflet fidèle et généreux de notre société, nous l’aimons, nous voulons continuer à la regarder, à y participer, à y être félicités.

Nous vous remercions donc d’avoir enfin entendu que nous ne défendons pas les professionnels que nous représentons (les créateurs de décors, costumes et lumières) par pur esprit de chapelle mais que l’action que nous avons menée a rencontré un écho réel dans la profession et au-delà (cf signataires professionnels de la lettre ouverte, pétition signée par plus de 2500 personnes, interview France Culture).

Vous n’avez pour l’instant pas trouvé de solution équilibrée afin d’offrir une meilleure visibilité aux métiers autres que ceux de comédien et de metteur en scène. Nous pensons cependant que cette solution existe, et que nous pouvons la trouver ensemble.

La cérémonie pourrait avoir une version longue pour les spectateurs sur place également disponible en streaming, et une version allégée, « grand public », pour les téléspectateurs. Ceci n’est qu’une idée parmi tant d’autres, dont nous pourrions parler ensemble.

Nous vous prions de nous recevoir, ou mieux, d’accueillir un des professionnels que nous représentons au sein de votre conseil d’administration, pour rêver et réaliser la cérémonie de demain, encore plus belle que l’édition 2022.

Veuillez recevoir nos meilleures salutations et soyez assurés de notre esprit constructif.

L’union des scénographes et L’union des créateurs lumière

L’approche durable de l’exposition

Par: Adeline Rispal, architecte, scénographe, présidente fondatrice de XPO Fédération des concepteurs d’exposition

extrait article ci dessous.

lien complet :

1. L’approche durable et holistique

L’écoconception de la scénographie des expositions s’entend le plus souvent comme une approche écologique des moyens mis en œuvre pour concevoir et réaliser une exposition. À cette approche écologique, à la fois indispensable et réductrice, nous préférons une approche durable, à savoir plus globale.

2. Écoconception vs économie durable

L’accélération des désordres environnementaux et leur médiatisation ont augmenté la prise de conscience de tous et engendré un début de changement de paradigme bénéfique dans le monde des expositions, qu’elles soient artistiques, historiques ou scientifiques, ces dernières ayant un train d’avance sur les autres.
Le spectacle vivant, lui aussi, a entamé sa transition écologique depuis plusieurs années.
À part quelques exceptions, ce n’est que depuis 2020 que les professionnels des musées et des expositions se mettent à penser l’écoconception. Les plus vertueux se fédèrent afin de mutualiser les recherches ; des plateformes se construisent pour permettre à tous de s’emparer de ces problématiques3.

3. Transitions écologique et numérique, une injonction paradoxale ?

À côté de cela, la transition numérique va bon train à grands renforts de subventions.
Les musées s’en emparent comme d’une bouée pensant sortir de la crise pandémique en retrouvant les visiteurs disparus au fond de leurs canapés. C’est vrai, pourquoi bouger ? On devrait s’interroger sur les conséquences d’une self-culture qui se livre désormais à domicile plus vite qu’Uber Eats… il en est encore temps.
Mais plus immédiatement, ne sommes-nous pas en train de rendre l’économie de la culture totalement dépendante du numérique, elle qui ne se nourrit que d’indépendance ? Alors même que nous sommes déconfinés, la désaffection persistante des théâtres, des cinémas et des musées, récemment analysée dans le rapport du Ministère de la Culture5, ne va-t-elle pas s’inscrire dans la durée ? Des pratiques culturelles à deux vitesses (présentielles et distancielles) ne sont-elles pas en train de se mettre en place ?

En conclusion

En mai 2020, dans Le Monde, XPO a appelé de ses vœux la création d’un Centre national de l’exposition14 afin de doter l’écosystème de moyens d’échanges, de recherche et de coordination pour en assurer les transitions écologique et numérique.
Plus de 100 millions de visiteurs fréquentaient des expositions en France en 2019 (200 millions de spectateurs par an allaient au cinéma). Nous nous posons la question du renouvellement de ces publics. La recette miracle pour une approche durable est-elle dans le seul numérique même s’il peut y participer et notamment dans la production de savoirs et dans l’inclusion ? La réflexion est à pousser dans un échange transdisciplinaire sur les enjeux des expositions.
On innove, pour l’instant, dans une vague d’expositions « immersives et sensorielles » favorisant une fascination plus qu’appropriation, une approche plus collective qu’individuelle, et qui toucherait plus aisément des jeunes publics usagers du numérique. Mais à quel prix pour la diffusion de la culture dont l’objet est bien, encore et toujours, l’individuation, essentielle au développement de notre civilisation ? L’empathie esthétique15, seul vrai vecteur d’une rencontre avec les œuvres humaines et de la nature, n’a rien d’un processus collectif. Albert Camus reste d’actualité : « Tout ce qui dégrade la culture raccourcit les chemins qui mènent à la servitude. »16

Adeline Rispal, architecte, scénographe, présidente fondatrice de XPO Fédération des concepteurs d’exposition

  1. https://www.ademe.fr/expertises/developpement-durable/quest-developpement-durable
  2. https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9veloppement_durable#/media/Fichier:Sch%C3%A9ma_du_d%C3%A9veloppement_durable.svg
  3. https://lesaugures.com/ et leur partenaire Scénogrrraphes, collectif coordonné, entre autres, par Annabel Vergne.
  4. https://www.code-commande-publique.com/remuneration-du-maitre-doeuvre/
  5. https://www.culture.gouv.fr/Presse/Communiques-de-presse/Pratiques-culturelles-des-Francais-Bilan-a-la-fin-de-l-ete-2021
  6. cf Étude du CREDOC https://www.cairn.info/revue-culture-etudes-2020-6-page-1.htm
  7. https://theshiftproject.org/article/deployer-la-sobriete-numerique-rapport-shift/
  8. https://theshiftproject.org/plan-de-transformation-de-leconomie-francaise-focus-sur-la-culture/
  9. https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/dossiers/alt/DLR5L15N40696
  10. https://ceebios.com/
  11. https://secoya-ecotournage.com/
  12. Définition de l’exposition sur le site de XPO : https://www.xpofederation.org/les-administrateurs
  13. https://www.cinov.fr/syndicats/xpo
  14. https://www.xpofederation.org/l-appel-a-la-creation-du-cne
  15. Pierre Lemarquis, L’empathie esthétique, Ed. Odile Jacob, 2015
  16. Citation dans un entretien en 1951

Passer les créateurs de l’annexe 8 à l’annexe 10

Depuis plusieurs années, l’Union des Scénographes (UDS) œuvre auprès des pouvoirs publics et politiques pour clarifier et stabiliser le statut des scénographes en France, en s’appuyant notamment sur le rapport de la mission de concertation et de proposition menée par le député Jean-Patrick Gille, l’ancienne directrice du Festival d’Avignon Hortense Archambault et l’ancien directeur général du travail, Jean-Denis Combrexelle remis le 7 janvier 2015. intitulé « bâtir un cadre stabilisé et sécurisé pour les intermittents du spectacle ».

Dans ce rapport, Archambault et Combrexelle soulignaient avec acuité l’urgence de redéfinir certains métiers techniques, étroitement liés à la création artistique. Ils déclaraient : “Une réflexion mérite d’être menée au niveau des branches sur une répartition différente de certains métiers techniques étroitement liées à la création artistique. Sans doute faudrait-il, affecter dans l’annexe 10 certaines professions aujourd’hui considérées comme techniques alors qu’elles sont attachées à la conception du spectacle et font partie de l’équipe de création. Ces métiers sont de fait souvent rémunérés de manière forfaitaire et sont très dépendants de leur nature artistique pour trouver un contrat : dramaturge, scénographe, éclairagiste, créateur costume etc… “

Ce constat, aussi évident qu’impérieux, appelle à une réévaluation des professions comme celle de scénographe, dramaturge, éclairagiste, ou créateur de costumes, souvent reléguées à une simple fonction technique alors qu’elles participent pleinement à la conception du spectacle.

Aujourd’hui, les scénographes se trouvent piégés dans les mailles de l’annexe 8 de l’assurance chômage des intermittents du spectacle. Ce cadre réglementaire rigide les empêche de comptabiliser les heures travaillées à l’étranger, limite leurs déclarations à huit heures par jour alors qu’ils en effectuent régulièrement douze, et restreint leur accès à des formations continues pourtant cruciales pour le développement de leurs compétences. La lutte pour la reconnaissance des scénographes n’est pas seulement un combat corporatiste ; elle est emblématique de la place que notre société accorde à la création artistique et à ceux qui la rendent possible.

I–LES REGLES D’AFFILIATION

Le Règlement général annexé à la convention du 14avril2017pose les conditions générales d’accès au régime d’assurance chômage en précisant qu’il «assure un revenu de remplacement dénommé allocation d’aide au retour à l’emploi, pendant une durée déterminée, aux salariés involontairement privés d’emploi qui remplissent des conditions d’activité désignées périodes d’affiliation, ainsi que des conditions d’âge, d’aptitude physique, de chômage, d’inscription comme demandeur d’emploi, de recherche d’emploi »

2.Les conditions propres aux professionnels du spectacle sont précisées dans les annexes 8 et 10 à ce Règlement.

1 -Les annexes 8 et 10

•L’annexe 8concerne les techniciens et ouvriers des secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, de la radio, de la diffusion et du spectacle et de la prestation technique au service de la création et de l’événement, engagés sous contrat à durée déterminée. Le champ d’application de l’annexe 8 est limité à certaines fonctions de salariés et dépend de l’activité de l’employeur identifiée par son code APE (cf. la liste des postes en fonction de l’activité de l’employeur, relative au champ d’application de l’annexe 8);

•L’annexe 10s’applique à l’ensemble des artistes du spectacle engagés sous contrat à durée déterminée (tels que définis à l’article L7121-2 du Code du travail)3.